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Airs de flûte
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19 décembre 2010

Victor Auburtin et le péché...

cranach

Lucas Cranach

Descendant d’une famille d’émigrants français, protestants partis en Allemagne après la révocation de l’Edit de Nantes, Victor Auburtin est né à Berlin en 1870 et mort à Garmisch-Partenkirchen en 1928. Journaliste, il fut le correspondant à Paris du Berliner Tageblatt, de 1911 à 1914. Il a longtemps écrit des rubriques humoristiques ou satiriques (que les Allemands appelaient Feuilletons) dans le même journal.

En lisant celle que je vous propose ici, n’oubliez pas qu’à la fin du XIXe siècle et au début du XXe il n’était pas forcément politiquement incorrect de rendre les femmes responsables de bien des malheurs. Une certaine façon de lire la Genèse, je suppose...

Bon, d’accord! Avec Auburtin qui m'amuse, je me fais un peu provocateur aujourd’hui...


Péché originel

Par une fenêtre qui donne sur la cour de mon immeuble, deux jeunes gens se penchent, un jeune homme et une jeune femme.

Ils se racontent des histoires drôles, rient et se poussent des hanches. Ensuite ils s’amusent un moment à cracher dans la cour, simultanément, et à vérifier lequel de leurs crachats arrive le premier par terre.

A tout cela, on reconnaît que ces jeunes personnes s’aiment. Car, chez l’espèce humaine, l’amour est fou. Cela s’est vérifié déjà à l’occasion de la toute première scène d’amour de l’Histoire du monde, lorsqu’Adam et Eve, avec leur pomme, se sont montrés aussi niais qu’il était seulement possible.

En bas, dans la cour, deux chats se sont assis face à face. L’un est le matou du concierge, l’autre la chatte du maître-boulanger et tout l’immeuble est au courant que ces deux-là vivent une liaison amoureuse.

Et voyez donc comme les animaux savent se bien conduire dans de telles circonstances. Leur amour consiste à s’asseoir face à face pendant deux heures et à se regarder fixement, dans le blanc des yeux.

Mais voilà qu’arrive dans la cour l’homme à l’orgue de barbarie. Il installe sa boîte, commence à en tourner la manivelle et joue l’air du Troubadour, Déjà voici que s’approche l’heure de la mort.

A peine les deux jeunes, là-haut, ont-ils perçu les premières notes qu’ils se redressent, ferment leur fenêtre et en tirent les rideaux.

La chatte aussi semble ressentir, à entendre la musique, une certaine excitation des sens. Elle se lève, s’étire et avance lentement vers le matou. Mais celui-là lui retourne illico un coup de patte et la chatte s’en revient tranquillement à sa place.

C’est bien dommage, vraiment, qu’Adam n’ait pas été un matou. Dommage qu’il n’en ait pas retourné une à Eve. Aujourd’hui encore nous serions toujours établis au paradis... et tout aurait été bien différent.

Traduction d’Antoine Mack

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Commentaires
C
Je suis très heureuse de ton commentaire sur http://christelchabadabada.blogspot.com/, j'irai voir l'oiseleur, il est d'ailleurs dans ma liste de liens à droite !!!<br /> <br /> Moi aussi je te souhaite une très bonne année 2011. Cela va faire un an et six mois que je vis en Allemagne et je ne regrette pas mon choix, malgré le froid et la neige !! ce n'est pas le paradis des matous, mais on y vit agréablement quand même !<br /> <br /> bises à toi et santé à toute ta famille !
B
Non, personne, juste un "unidentified" que j'ai bien connu en d'autres temps, d'autres contrées et qui avait l'art de raconter des historiettes pleines de marquises,de maisons, de lerots, de fleurs ou d'oiseaux... dont on avait chaque fois l'impression qu'elles avaient l'art de dégager quelque chose d'universel à partir de trois fois rien !
O
"... me rappelle bien quelqu'un!"<br /> <br /> Et qui donc, je vous prie, chère belle lurette? Qui osez-vous traiter ainsi de philosophe à la manque, à l'instar de Victor?
B
Détrompe toi, Tony, je n'ai rien contre ce Victor, bien au contraire ! D'ailleurs son art de raconter des historiettes avec l'air de ne pas y toucher et en se ménageant une chute qui suggère une philosophie universelle sans se risquer à prétendre en être une... me rappelle bien quelqu'un !
O
Vu sous cet angle-là, cher eol et troubadour toi-même, il me plaît bien aussi, ce bon Victor. Quant à l'air du troubadour, il faut bien admettre avec toi qu'il évoque l'amour mortifère des romantiques, Gœthe en tête! Plagiat par anticipation, encore une fois?
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