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Airs de flûte

Airs de flûte
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24 août 2011

Un oiseau s’envole...

Loriot

C’était l’un des hôtes préférés de l’oiseleur.

Loriot_2


Il avait pris son nom de Loriot parce que, livrée d’or, ailes et queue noires, la belle image du passériforme apparaissait sur ses armoiries familiales. En réalité, il répondait aux noms de Bernhard-Viktor Christof-Karl von Bülow (en abrégé, Vicco von Bülow). Chez lui, près du lac de Starnberg, pas très loin de Münich, il vient de s’envoler, le 22 août, au paradis des beaux oiseaux. A 87 ans.


Observateur plein de finesse des choses de la vie, humoriste profond, il était devenu un classique, depuis longtemps, dit aujourd'hui de lui la Chancelière Angela Merckel.


Ecrivain, dessinateur, caricaturiste, auteur de nombreuses émissions de télévision à grand succès, intellectuellement Loriot volait haut. Pour les béotiens de la petite bourgeoisie allemande, il avait le bec dur. Avec des dessins pleins d’humour où des hommes assis face à face se disaient de pitoyables vérités sans jamais s’écouter, il savait taper juste, il savait faire rire... et faire rire jaune souvent.


On t’aimait bien, pour cela. Tschüss, joyeux compère! A bientôt!


Antoine Mack


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23 août 2011

Valse, troisième temps

 

Le septième jour, disait l’invitation, comminatoire. Seul le choix du moment précis était laissé au gré du cavalier, dans une fourchette étroite d’une  heure, en début d’après-midi. L’on ne danserait néanmoins que le lundi matin, de bonne heure.


L’on ne boirait pas; personne ne porterait de toast à l’adresse de l’invitante. Elle tournerait lentement sur elle-même, anticipant déjà la valse...


Un, serez-vous mon cavalier de l’aube incertaine? Mais vous êtes trop jeune, fier uhlan de la garde royale!


Deux, peut-être vous, noble vieillard qui fûtes l’amant de tant de jolies demoiselles, depuis des lustres disparues de nos bals? Non, soyez puni! Regrettez-les encore, effacées dans leurs éclats de rire, cristaux brisés... Attendez toujours.


Ce sera donc toi aujourd’hui, que j’invite à ma fête pour la troisième fois déjà. La première, tu n’as pas voulu te noyer dans mes grands yeux noirs. Je t’ai laissé partir... La deuxième, au dernier moment, je t’ai caché, idiote, mon affolant sourire d’albâtre. Ce matin, orgueilleux qui te croyais à l’abri derrière ta vaine dérision, viens disparaître à ton tour dans le tourbillon glacial!


Valse_Robert_Beltz

Ecoute! Les violons grincent déjà sous la caresse des froids péronés.


Antoine Mack

11 août 2011

Bad trips ?

mignonne fourmi


Entre ces deux-là, depuis quelques dizaines de millions d’années, l’affaire suit son cours...

Avec des hauts et des bas. Inexorablement.

A priori, ils ne sont vraiment pas faits l’un pour l’autre. Ou alors, si?


Elle, camponotus leonardi, est une ravissante petite fourmi qui vit, se nourrit et se promène le plus souvent dans la canopée de la jungle thaïlandaise, tout près du soleil.


Lui, qui répond au nom charmant d’ophiocordyceps unilateralis, est un champignon tubulaire qui préfère (et de loin) l’ombrage des grosses feuilles qui se développent à vingt-cinq centimètres du sol, au pied des grands arbres.


- Rien n’aurait dû nous mettre l’un en face de l’autre. Et même nous rencontrant, nous aurions dû nous croiser sans nous voir, se dit toujours Campo. D’ailleurs, le jour de notre premier (et improbable) rendez-vous, il n’a pas du tout retenu mon attention... Ce jour-là, il était spore ultraléger et quasiment invisible, monté de son univers glauque sur l’aile d’un courant ascendant... qui l’a déposé sur ma tête! Sentant battre la vie en moi, il s’est convaincu qu’il pourrait y avoir entre nous des atomes crochus. Idée stupide!

zombie en devenir


Alors Ophio s’est accroché. Il a envoyé dans la tête de Campo des radicelles minuscules qui ont exploré le cerveau de la gracile fourmi. Il s’y est enrichi de quelques juteuses matières nutritives qui l’ont fait croître en taille et en force jusqu’au moment où il a senti qu’il serait bientôt temps, pour lui, de redescendre vivre dans l’ombre humide et propice de la forêt d’émeraude, le seul biotype qui lui convînt vraiment.


A son tour, au bout de quelques jours, il a gorgé généreusement le système nerveux central de sa jolie compagne de sucs si capiteux qu’elle est devenue totalement accro à lui, fourmi qui se marche sur les pattes en dansant, qui trébuche aux bords des feuilles, zombie au comportement erratique, livrée sans défense à son champignon dominant.


Dorénavant, il contrôle son cerveau, il la dirige vers le vide, l’y fait tomber. Dans le puits jaune et vert qui s’obscurcit cependant que leur vertigineuse descente les rapproche du fond, les voilà qui accomplissent en chute libre un psychédélique premier voyage de noces... Super trip!


Arrivé près des plantes qu’il reconnaît sans les avoir jamais vues, le champignon freine la chute du couple, dirige Campo vers  une veine épaisse sous une feuille. Affamée, elle mord cette veine, les muscles de ses mandibules s’atrophient soudain (encore une traîtrise d’Ophio!) et elle ne se libérera plus de ce piège dont elle-même a refermé les dents.

fin du trip


Elle va nourrir Ophio, elle va mourir. Un jour prochain, adulte, il produira des spores...

... qui, au gré d’un courant chaud, s’envoleront, légers, vers la canopée.


Antoine Mack


5 août 2011

Du détournement des eaux folles

Eaux_vives_Antoine_Mack

- Dites-moi, les enfants, est-ce que vous connaissez ça?

- Bien sûr, c’est le lit de la Doller, tout près du pont de Bourtzwiller.

- Ah bon, vous connaissez ... Vous savez aussi, alors, à quoi sert cette étrange construction?

- Ben non, pas vraiment... Nous y allions nous baigner quand nous étions petits, avec les copains. C’était amusant.

- !?

- En réalité, le jeu consistait surtout à se pousser dedans.

- ?! Mais c’était dangereux, avec ces branches qui dépassent et les arêtes aiguës du béton!

- Pas du tout! Dans la chute centrale, nous glissions sur la vague, sans toucher le fond.

- ... et vous n’avez jamais été tentés de demander à quelqu’un à quoi cela pouvait bien servir, pour de bon?

- Désolés pour toi. Pour nous, à cette époque, c’était bien mieux fichu que les meilleurs toboggans de toutes les piscines à des kilomètres à la ronde. Nous n’en demandions pas plus à nos belles eaux vives...

- ... qui coulent dans tous les sens. On dirait même, par endroits, qu’elles remontent la pente! Vous ne feriez pas un effort pour résoudre l’énigme? Que je sache enfin pourquoi j’ai capté cette image... trente ans plus tard.

Antoine Mack

14 juillet 2011

Mes pieds

petit_bal

Mes pieds avaient bonne mine, ce matin. Les bals, petits bals, ne les sollicitent plus les jours commémoratifs de grandes révolutions... et d’ailleurs, hier soir, il pleuvait encore à seaux. Foutu mois de juillet!

Hier, ils étaient fatigués d’avoir marché par les bois, derrière chez nous. Vers minuit, les contemplant, je les ai trouvés bien gonflés, du bas des mollets jusqu’aux orteils. Dans ces cas-là, me dit la pharmacienne, asseyez-vous au bord de la baignoire, jambes à l’intérieur, et douchez-les d’un fort jet d’eau froide, assez longtemps.

J’ai suivi ce conseil. Et voilà pourquoi, au soleil levant, j’ai pu leur offrir, à mes pieds, une nouvelle promenade de plus d’une heure, à vive allure.

Quand je suis rentré réveiller ma douce moitié qui, comme Brassens, le jour du quatorze juillet, reste dans (son) lit douillet, elle a jeté un coup d'œil sur mes extrémités et m’a dit avec un sourire entendu: Tiens, t’as plus les chevilles enflées, aujourd’hui, modeste enfant de la Patrie?

Antoine Mack

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2 juillet 2011

Une idée du paradis... ou peut-être deux

(Très) librement commentée et inspirée d’un poème de Johann Georg Fischer (1816-1897), voici une vision estivale à deux faces du paradis.

Elsässische Bauernmädchen

Si je dois quitter ce monde pour un quelconque paradis,
Je veux y vivre toujours dans la maison de mes aïeux.
Je n’y resterai pas si ma demeure ancestrale n’est plus là.

Mauvaise idée que j’ai eue, il y a quelque temps,
Quand j’ai vendue la baraque en ruine...

Le soleil, tout au long du jour, devra briller près des haies vives.
Qu’à travers les trous de leurs branches, des citrouilles se montrent,
Dorées comme les joues rebondies des anges.

S’exposer ainsi au soleil! Dessèchement de la peau assuré...
Avec les plus grands risques d’attraper la jaunisse!

Les voisins me regarderont encore, les bras posés sur leur clôture.
Comme ils le font tous les dimanches, de bleus nuages de tabac
S’envoleront des tuyaux de leurs pipes, vers le ciel d’azur.

Fumer tue! Pipes, cigares et cigarettes sont des agents de mort atroce.
Avez-vous vu vos poumons quand ils étalent, sur les radios, leurs cancers?

En tabliers colorés de belles jeunes filles passeront devant chez moi,
Chantant gaiement sur le chemin. Pour elles nous irons, garçons,
A la lisière du verger secouer les premiers fruits mûrs de l’été.

Elles passent en motos... pétaradant et écrasant toutes nos poires!
Je l’envoie au diable, votre paradis, Johann Georg!

Antoine Mack

26 juin 2011

Le matelassier

Prix_d_Am_rique


C’était un petit bonhomme qui passait inaperçu. La septantaine avancée, le cheveu rare et filasse et l’œil un peu injecté de sang, il se faufilait en manteau gris entre les files de parieurs aux guichets de Vincennes, l’hiver. On ne le voyait jamais à Longchamp, à Chantilly ou même à Auteuil.


Seul le trot l’intéressait... et encore. Mieux vaudrait dire qu’un unique trotteur retenait son attention, de décembre à mars. Dans cette histoire, il n’y avait que lui et ce cheval.


Le bel animal appartenait à la plus grande écurie de trot de l’époque et c’était un champion qui ne savait rien faire d’autre que trotter vite. Jamais la moindre foulée de galop et une place toujours assurée dans les trois premiers. Casaque jaune frappée d’une croix de Lorraine noire, malheureusement barré par une autre diva de l’écurie, il s’était attiré la sympathie de tous les turfistes, qui ne l’appelaient plus que le petit lapin.


Petit lapin était le genre de cheval qui attire forcément l’attention d’une espèce particulière de parieurs. Ceux qui, le jour où leur favori court, sortent de sous leur matelas une grosse part de leurs économies pour se rendre à l’hippodrome et mettre tout cet argent sur leur champion, en pari placé. Pour qu’ils gagnent (généralement le minimum), il faut que leur élu termine dans les trois premiers. Cela peut se produire avec une étonnante régularité. Comme le cheval compte toujours parmi les favoris, il rapportera un dixième de la mise, quelquefois un vingtième. Pas la fortune, mais quelle opération financière vous vaudra du 10 ou du 20% en trois ou quatre minutes?


Ces parieurs-là portent un nom. On les appelle les matelassiers. Le petit bonhomme en manteau gris en était un. Il en est d’antipathiques, stupides calculateurs condamnés, un jour ou l’autre, à perdre leurs liasses de billets. Lui était plutôt sympathique et je le suivais avec attention en souhaitant qu’il aille sans encombre au bout de sa lente course vers une fortune incertaine.


Pour tous, en effet, le calcul est très risqué et il a de fortes chances (à cause d’un incident de course, de l’envol d’un pigeon cherchant du crottin sur la piste...) de se terminer en catastrophe. Il vous faut dix réussites consécutives pour doubler votre capital... Au premier accroc, vous perdez votre fonds de commerce. Compte tenu des rapports possibles, c’est effectivement un système de paris totalement idiot... mais j’ai connu un agrégé de mathématiques qui s’y est laissé prendre!


OOOOO



Il n’a pas neigé. La piste de Vincennes est parfaite, en ce dernier dimanche de janvier. Les deux champions à la croix de Lorraine affrontent, dans le Prix d’Amérique, ce qui se fait de plus brillant dans le trot international.


Le départ sera donné dans quelques minutes... et mon matelassier n’est pas encore là!


Quand il arrive enfin dans le grand hall, devant les guichets du pari mutuel, les files sont encore longues.

Heureusement il existe un guichet réservé aux gros paris. Il y court. Le 5, dix mille fois placé! L’homme du PMH compte consciencieusement les billets et le petit monsieur trépigne devant lui comme un gamin qui serait pris d’une envie irrépressible. Quand on lui remet enfin son ticket, au moment où il se détourne, la grille métallique s’abat  bruyamment devant le guichet. Sous les ordres! crachote un haut-parleur au plafond.


Dehors, sur la grande piste, loin là-bas, au départ des 2700 mètres, les trotteurs viennent de s’élancer. Menée bon train dès le départ, la course promet d’être sélective et de laisser toutes leurs chances aux meilleurs. Avec sa grande championne copine de couleurs, le petit lapin peut se retrouver à la fête, dans un tour.


Ils attaquent dans la montée et viennent aux deux premières places derrière le petit bois. Dernier tournant, ligne droite: une question de secondes maintenant. Les étrangers jettent leur feu dans le virage et renoncent.


A l’entrée de la ligne droite, le jumelé paraît affiché. Surgit alors, le long de la corde, un provincial quasiment abandonné de tous et que son driver sollicite des rênes et de la cravache. Il remonte, fond sur les deux premiers et, stupidement, au lieu de passer à l’extérieur, celui qui le mène veut contourner le petit lapin par la gauche, là où il n’y a pas assez de place...


L’accrochage se produit et le cheval préféré de mon vieil ami, tout en évitant la chute, se retrouve éjecté de la piste, au grand galop. D.a.i. Distancé pour allures irrégulières, disait-on alors.


L’écurie de la championne gagne quand même... Après le tour d’honneur, la grande tribune se vide. Tout en haut, dans un coin sous la verrière, il s’est assis à même le béton glacé. Je vais prendre place à côté de lui.


- Vous en étiez à combien de réussites ?
- Huit. 8000 de bénéfices envolés et une perte sèche de 2000, au total.
- Des regrets ?
- Pas vraiment. Juste la rage de le voir sorti par un Messala de sous-préfecture du Maine-et-Loire.
- Et maintenant ?
-Pas la peine de poursuivre... Le coup est fini. Va falloir attendre vingt ans au moins, Monsieur, pour en revoir un, de petit lapin.


Il renifle un coup, un seul. Peut-être le froid du béton... ou les courants d’air de Vincennes.



Antoine Mack



20 juin 2011

Ecoute les cerfs-volants

parabole_djaydjaypi 

A l’époque où ce mur courbe et la parabole hémisphérique qui le flanque ont été construits, les gens ne connaissent pas encore la télévision. A peine écoutent-ils la T.S.F. au salon, après le dîner.


Entre les habitants de l’anguleuse Terre d’Angles, l’information circule par le bouche-à-oreille ou par les nouvelles écrites, un brin plus fiables, disent-ils. Ces échanges permanents font travailler des milliers de messagers. Pédestres, équestres ou vélocipédiques, à raison de 30% par mode de locomotion, les 10% restants se répartissant, à parts à peu près égales, entre surfeurs du ciel, auto-téléportants très rapides, rares automobilistes un peu snobs et petits animaux-voyageurs, tels que pigeons bannis des cathédrales, pingouins des égouts polaires et maigrichonnes coccinelles des neiges, souvent enrhumées.



Le major James Jiggery-Pokery, fils d’un landlord de pub portuaire va sur ses soixante ans. Jeune, il a fait d’assez brillantes études de physique qui lui ont ouvert les portes de l’Institut Anglican des Ecoutes. L’I.A.E., organisme public au sein duquel il a connu une belle carrière d’espion de terrain tout d’abord, sous l’un de ces pseudonymes bien connus composés de deux zéros suivis d’un chiffre quelconque, le 7 excepté.


Rangé des Talbot surcompressées et des toutes premières Bentley traficotées, il achèvera bientôt sa carrière, après vingt années consacrées ensuite à la recherche sédentaire, années qui l’ont éloigné de sa jeunesse et des  galipettes liées souvent au contact de quelque jeune force attractive bien qu’ennemie. A douze mois de la retraite, le major s’est fixé un dernier objectif. Partir, se dit-il, en laissant comme cadeau d’adieu une arme nouvelle et géniale à son grand pays.


J. J.-P. (prononcez Djaydjaypi) se réveille la nuit, depuis un certain temps et sans raison particulière, à trois heures et huit minutes précises du matin. Resté bon observateur de bien des phénomènes physiques, il sait ce qui le tire du sommeil avec cette agaçante et nocturne régularité. C’est un bruit.


Pas un de ces bruits violents qui vous envahissent l’espace et que vous associez tout de suite à leur cause: cloche qui sonne l’heure, par exemple, et, à trois heures huit, que pourrait-elle bien sonner, good Heaven?

Pas de la musique (qui serait encore pardonnable si elle était à votre goût), ni non plus un de ces produits sonores qui vous énervent et vous taraudent la cervelle, girouette qui grince, veau mal élevé qui tète sa mère à l’étable en gargouillant, roue de bicyclette qui frotte sur son garde-boue... Non, un bruit indéfinissable, quasiment inaudible, provenant de partout et qui vous enveloppe, qui s’établit, qui est là, stupidement alliez-vous dire. Un bruit sans identité, inacceptable. Un bruit à qui l’on voudrait nier le droit à l’existence. Un bruit qu’il faut identifier... et tuer.


Or, pour le connaître, il faut une arme et, en matière de sons que l’on écoute, le major Jiggery-Pokery en connait un rayon, mieux: de multiples longueurs d’onde.  Il croit savoir d’où il vient, le bruit. Après leur dernière défaite, les Grands-Germains rêvent de vengeance et les sons qui le réveillent chaque nuit attestent d’essais d’approche aérienne en catimini...


Le major trouvera l’oreille du Prime Minister, fera financer son projet et naissent ainsi ces paraboles et ces murs d’écoute braqués, par-dessus les Bas-Pays, vers la Grand-Germanie. Il s’agit de repérer, avant même qu’on les verra, au vrombissement qu’ils émettent, les aéronefs ennemis. James Jiggery-Pockery est félicité, décoré et mis à la retraite, dès les édifications finies...

 

cocottes_fran_aises 

 

En  Belle-et-Grande-France aussi, de possibles préparatifs belliqueux inquiètent, qui seraient le fruit de manigances grande-germaine et belle-romaine. Un officier du renseignement aussi célèbre que James Micmac (autre pseudo écossé du major), s’appuyant sur sa longue expérience de la détection de mines, adapte la technique des poêles à frire à la recherche spatio-temporelle des sons.

 

M. Onésime Bergamot, parce qu’il est originaire d’une localité des environs de Nancy, est bien connu de la population comme l’espion qui venait du Frouard. Moins unidirectionnelle que les murs et les paraboles de l’espion d’Angles, sa machine, composée de quatre cocottes-minute de haute technicité, écoutera au Nord, à l’Est, au Sud et à l’Ouest. Comme on le verra sur le remarquable document photographique ci-joint, Onésime Bergamot (au premier plan) s’est même donné la possibilité d’enregistrer en personne tout ce que ses hommes écoutent. L’ingéniosité de la méthode et la multiplicité des buts recherchés seront louées par la Chambre des députés et le Sénat, à l’unanimité de leurs membres. Après quoi, touché par la limite d’âge comme son grand-anglish homologue, l’officier de renseignement se retire à Moncel-sur-Vair, dans les Vooosches, en face de Domrémy-la-Ficelle d’où Jeanne veille désormais sur lui.

oreilles_en_alu 

 

Il se raconte que, dans la foulée, les Grands-Germains, les Tsévoclaques et les Bas-Paysans ont développé d’approximatifs machins écoutants. Avec plus ou moins de succès... Retenons, parmi ces essais, l’écouteur individuel photographié du côté d’Eindhoven. D’une part, parce qu’il n’est peut-être pas zoo-landais; d’autre part, parce qu’il a joué dans cette histoire un rôle démystifiant, oserait-on dire.


L’individu affublé des grandes oreilles en aluminium brossé a été vu, la toute première fois, assis au bord d’un cumulo-nimbus qu’il pilotait en le faisant tirer par une patrouille de cerfs-volants.  Quand il fut contraint à atterrir et appréhendé, il prétendit ne rien avoir à faire avec de prétendues écoutes. La police militaire du Zoo-land prouva cependant très vite que la peau des cerfs-volants captait des sons venus de très loin, de l’autre côté de la terre quasiment, que ce pelage renvoyait ces sons sur les grandes oreilles du bonhomme et que lui les répercutait à plaisir, en les réorientant, vers les systèmes de James, d’Onésime et des autres, détournant ainsi ces derniers (les systèmes, bien sûr) de leur utilité première. L’homme prétendit qu’il agissait simultanément par amour de la musique et par antimilitarisme convaincu.

 

trombones 

 

Le scandale fut à son comble lorsque le monde apprit, quelque temps et maintes missions secrètes plus tard, qu’un Japounet répondant au nom pétaradant de Yamamoto Kadératé (c’est le petit homme à chapeau, à gauche, qui tient une enveloppe de format 21x29,7) avait mis au point, grâce à des subsides civils et militaires, un orchestre mécanique géant de quatre hénaurmes trombones dont les notes innocemment renvoyées par les cerfs-volants ont laissé à la Grand-Germanie tout loisir de préparer ses attaques sans faire rien entendre d’autre que des valses oum-pah-pah... (Ne reste plus qu’à expliquer la présence du canon sur l’image japounette).

musiques 

 
Mais comme l’individu aux oreilles en alu ne savait pas d’où venait la zizique qu’il téléchargeait et qu’il n’avait pas connaissance non plus des parlantes photos hipponnes, il fut mis hors de cause assez vite.


C’était en effet le meilleur service à rendre au grand-père de notre bon ami poète et génial inventeur, lui aussi, bien connu sous le nom de bonne-voglie, que nous saluons ici avec un très grand plaisir et que nous félicitons vivement d’avoir eu un aïeul attaché à l’écoute des bruits de ce monde et d’avoir poursuivi, fidèle, le pilotage des nuages et l’écoute des cerfs-volants.



Antoine Mack
 

14 juin 2011

A propos d’apodidés

 martinet noir - apus apus

Bon! C’est entendu. Pour qui les aura vus qui tournaient et viraient au-dessus de ce jardin presque carré dont se souvient belle lurette, ils étaient bien sympathiques, les couples de martinets noirs (apus apus).


A coups d’ailes frénétiques alternant avec de longs planés tranquilles contre le vent, ils chassaient sans répit des insectes dont ils portaient déjà le deuil, tout de noir vêtus, en fondant sur eux. En vol permanent - on dit qu’ils montent jusqu’à 1000 mètres pour chasser - ils dorment et font même l’amour en planant (ce qui est, je crois, la moindre des choses pour des couples vraiment épris).


Venus d’Afrique du Sud à la fin d’avril, ces martinets dits noirs se répandent sur l’Europe, de Gibraltar à la Sibérie, de la Turquie entière au Loch Ness et à la Scandinavie, avant de regagner leurs pénates d’hiver à la fin du mois d’août.


D’ici là, leurs cris réunis en chœur lors des soirées de plein été, stridents, perçants, composés d’un unique srriiirr, se répercuteront sur tous les murs.


Chez l’oiseleur aussi, vous en trouverez de pareils, qui fréquentent les hirondelles avec lesquelles on les confond souvent, bien que celles-ci soient bien plus petites et que leurs ailes ressemblent un peu moins à la faux du moissonneur.

OOOOO

Un autre martinet, encore plus grand que le noir, hante les cieux de la grande volière toujours ouverte. Celui-là, qui oppose à l’apus apus une envergure de 50 à 60 centimètres (contre 40 à 44), niche en colonies sur les parois rocheuses et sur les bâtiments élevés, appréciant au besoin les caissons des volets roulants... comme certains lérots acrobates qui fréquentent encore nos contrées, certains soirs d’été.


A grands coups d’ailes calmes, amples tellement que l’on pourrait le prendre pour un de ces petits faucons hobereaux que vous devez connaître, le martinet à ventre blanc (apus melba) passe et l’on peut observer alors une manière de géant chez les apodidés.


Chanteur original, il lance, en séries stridentes qui vont en se ralentissant (quelquefois en s’accélérant), de typiques ti ti ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-tu-tu. Un chant qui descend un peu vers la fin, sur les tu-tu...


On le nomme également martinet alpin et, quand il vient d’Afrique, il occupe en Europe tout l’arc alpin évidemment ainsi que la péninsule ibérique, l’Italie, la Grèce et la Turquie.


L’Oiseleur précisera encore que ce Méditerranéen n’hésite plus à venir jusqu’à Mulhouse, seule ville du nord-est de la France qu’il juge digne de le loger. Les Mulhousiens, maire en tête, lui font bon accueil, lui proposant déjà vingt-trois nichoirs sur les plus hautes tours de la ville. Ils se donnent rendez-vous, le 6 juillet prochain, de 17 h à 20 h, près du Pont de la Fonderie, pour l’étudier de plus près. C’est dire qu’ils jouent à fond la carte apus...


Cette cohabitation harmonieuse est un choix qui montrera à tous nos amis de l’intérieur qu’à Mulhouse,  nous vivons bien dans le Midi de l’Alsace et qu’avec notre amitié apus melba est assuré d’avoir toujours la pêche!

 Antoine Mack

martinet alpin - apus melba


 

8 juin 2011

Soliloque de Saint-Eloi

ND de Nanteuil

 Près de l’église Notre-Dame de Nanteuil, à Montrichard, sur le Cher, une chapelle avait été construite et dédiée à Saint-Eloi. La statue en bois de ce saint est visible encore dans le musée qui s’abrite au pied de la tour carrée du château. Affiché tout à côté du saint, couvert d’une écriture fine et précise, un feuillet donne la parole à Eloi.


Si vous savez vous montrer convaincant, vous retournerez voir la jeune personne de l’accueil qui vous prêtera, avec le sourire, un stylo à bille et une double feuille arrachée à son cahier. Ainsi équipé, vous irez revoir Saint-Eloi pour prendre note de ce qu’il dit et constater que ce bon évêque ne manque pas d’humour!

Antoine Mack



Soliloque de Saint-Eloi, à l’adresse des Amis

du vieux Montrichard pour les remercier
de l’avoir aspergé


Amis, vous mes chers amis du Vieux Montrichard,

Merci! Grâce à vos soins, en ce discret asile,
Ma survie à présent va s’écouler tranquille,
Près de Georges Legros et de Charles Richard.

Vivant, j’aurais bien pu devenir un richard.
Mais au miroir trompeur d’une gloire facile
J’ai préféré Jésus et la Sainte Evangile.
En partant, je n’avais pas de mule, ni de char.

Mais on m’a fait de bois; ma robe jusqu’à terre
S’ajuste exactement à mon désir austère.
Oh! L’hiver peut venir... J’ignore les grands froids.

L’été peut éclater. Mon front reste placide.
Je ne crains même plus mes ennemis sournois,
Car vous m’avez fourni jusqu’à l’insecticide!


Sonnet de H. - Gabriel Pinguet


 

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