A propos d’apodidés
Bon! C’est entendu. Pour qui les aura vus qui tournaient et viraient au-dessus de ce jardin presque carré dont se souvient belle lurette, ils étaient bien sympathiques, les couples de martinets noirs (apus apus).
A coups d’ailes frénétiques alternant avec de longs planés tranquilles contre le vent, ils chassaient sans répit des insectes dont ils portaient déjà le deuil, tout de noir vêtus, en fondant sur eux. En vol permanent - on dit qu’ils montent jusqu’à 1000 mètres pour chasser - ils dorment et font même l’amour en planant (ce qui est, je crois, la moindre des choses pour des couples vraiment épris).
Venus d’Afrique du Sud à la fin d’avril, ces martinets dits noirs se répandent sur l’Europe, de Gibraltar à la Sibérie, de la Turquie entière au Loch Ness et à la Scandinavie, avant de regagner leurs pénates d’hiver à la fin du mois d’août.
D’ici là, leurs cris réunis en chœur lors des soirées de plein été, stridents, perçants, composés d’un unique srriiirr, se répercuteront sur tous les murs.
Chez l’oiseleur aussi, vous en trouverez de pareils, qui fréquentent les hirondelles avec lesquelles on les confond souvent, bien que celles-ci soient bien plus petites et que leurs ailes ressemblent un peu moins à la faux du moissonneur.
OOOOO
Un autre martinet, encore plus grand que le noir, hante les cieux de la grande volière toujours ouverte. Celui-là, qui oppose à l’apus apus une envergure de 50 à 60 centimètres (contre 40 à 44), niche en colonies sur les parois rocheuses et sur les bâtiments élevés, appréciant au besoin les caissons des volets roulants... comme certains lérots acrobates qui fréquentent encore nos contrées, certains soirs d’été.
A grands coups d’ailes calmes, amples tellement que l’on pourrait le prendre pour un de ces petits faucons hobereaux que vous devez connaître, le martinet à ventre blanc (apus melba) passe et l’on peut observer alors une manière de géant chez les apodidés.
Chanteur original, il lance, en séries stridentes qui vont en se ralentissant (quelquefois en s’accélérant), de typiques ti ti ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-ti-tu-tu. Un chant qui descend un peu vers la fin, sur les tu-tu...
On le nomme également martinet alpin et, quand il vient d’Afrique, il occupe en Europe tout l’arc alpin évidemment ainsi que la péninsule ibérique, l’Italie, la Grèce et la Turquie.
L’Oiseleur précisera encore que ce Méditerranéen n’hésite plus à venir jusqu’à Mulhouse, seule ville du nord-est de la France qu’il juge digne de le loger. Les Mulhousiens, maire en tête, lui font bon accueil, lui proposant déjà vingt-trois nichoirs sur les plus hautes tours de la ville. Ils se donnent rendez-vous, le 6 juillet prochain, de 17 h à 20 h, près du Pont de la Fonderie, pour l’étudier de plus près. C’est dire qu’ils jouent à fond la carte apus...
Cette cohabitation harmonieuse est un choix qui montrera à tous nos amis de l’intérieur qu’à Mulhouse, nous vivons bien dans le Midi de l’Alsace et qu’avec notre amitié apus melba est assuré d’avoir toujours la pêche!
Antoine Mack