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Airs de flûte
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30 octobre 2009

Poème d’automne

trakl_nachmittag_b

L’Autriche aussi a ses poètes maudits. Georg Trakl, né en 1887 à Salzburg, a eu bien de la peine à terminer ses études de pharmacie et, pharmacien devenu, a connu bien des difficultés à se fixer, exerçant tour à tour à Innsbrück, à Vienne et dans sa ville natale.

Solitaire mélancolique et agité, il se trouve vite aux prises avec des problèmes d’alcool et de drogue. Mais il écrit, dès ses années d’études, et ses poèmes sont régulièrement édités dans un périodique viennois, sans cependant le faire connaître vraiment.

Quand sa sœur, qui semble avoir été la seule personne qui ait compté pour lui, épouse un libraire de Berlin, il se retrouve dans un véritable état de choc. Et c’est alors qu’il livre ses plus belles œuvres, les plus sombres aussi. Dans une langue imagée pleine de force et de couleur.

Mobilisé en 1914, il doit à l’intervention de ses camarades d’échapper à une tentative de suicide par balle. On l’envoie alors dans un hôpital de Cracovie, en Pologne, où il mourra, à 27 ans, d’un empoisonnement à la cocaïne. Aujourd’hui on dit overdose. Suicide réussi, cette fois.

Antoine Mack


marais222

Près du marais

Manteau dans le vent noir. Le roseau sec chuchote très bas
Dans le silence du marais; au ciel gris
Un train d’oiseaux sauvages file,
Rayures passant au-dessus des eaux sombres.

Osseuses, les mains glissent entre les bouleaux dépouillés;
Le pas se brise dans les branchages brunis
Où, pour mourir, habite une bête solitaire.

Tumulte. Dans une hutte effondrée
Un ange déchu bat de ses ailes noires,
Ombre de la nuée; et démence de l’arbre.

Cri de la pie. Une petite vieille traverse le chemin
Vers le village, sous un fagot noir. Qu’est-ce donc
Qui frappe d’anathème et de feu son pas?
Sons de cloches assourdis; imminence de la neige.

Tempête. L’esprit sombre de la pourriture, dans le marais,
Et la mélancolie des troupeaux qui paissent.
En silence, avec des mâts brisés,
Le ciel chasse la nuit.

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Commentaires
O
La traduction ci-dessus est une humble tentative de l'oiseleur.<br /> <br /> Il existe une édition bilingue (allemand-français) des poèmes de Georg Trakl: traduction de Jacques Legrand, GF Flammarion, Paris. Mais comme elle date de 2001, est-elle encore disponible?<br /> <br /> Pour la courte vie douloureuse de Trakl, une page très complète est disponible sur Wikipedia.
A
… ce poème de Trakl. La traduction est-elle de notre oiseleur favori ?<br /> J'aimerais bien me procurer une édition de ses œuvres. Peux-tu me conseiller, cher Tony ?
O
Un peu triste, chère Claire, j'en suis d'accord. Mais j'ai été hypnotisé par ces entames de vers abruptes, en début de strophes. Surtout, en allemand, la musique étrange de mots assénés comme des coups sourds sur une timbale.<br /> <br /> "Ces timbales étincelantes<br /> Qui, sous sa main toujours tremblantes,<br /> Sonnent et font bondir le cœur!" (V. Hugo)
C
Et oh que c'est triste !<br /> Dis moi, Oiseleur, qui tant attire les plumages colorés, ne t'entiche pas par trop des pies, corbeaux, et autres anges aux ailes noires, hein, 'faudrait voir à garder le moral en cet automne somme toute... magnifique ?<br /> <br /> La bise du piou-piou Clairon.
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