Etonnantes prévisions de Georg Christoph Lichtenberg
Hirondelles (Christine Rouanet)
Autant que Sebastian Brand, dont la Nef des Fous est ma demeure spirituelle depuis des années, j’apprécie beaucoup, vous le savez, Georg Christoph Lichtenberg.
Cet homme, hypocondriaque bossu puis chancelant valétudinaire, qui refusa tout net, à 57 ans, d’entrer dans le XIXe siècle puisqu’il mourut en 1799, appliquait à l’observation de ses congénères un art si perspicace que l’on peut se dire, le lisant, qu’il nous voyait déjà, nous, avec plus de deux siècles d’avance!
Tenez, l’autre soir... Juste au moment où je me félicitais de pouvoir enfin confier ma carcasse fatiguée aux bénéfiques effets qu’exercent sur elle les étoffes qui couvrent mon lit, je tombe sur ceci:
Un jour, dans son indolence coutumière, il se reposa si longtemps au bord de la fenêtre que les hirondelles firent leur nid derrière ses oreilles.
J’en restais subjugué: c’était moi tout craché! Depuis plusieurs heures déjà, les oreilles me sifflaient...
Antoine Mack