Callisto est aujourd’hui le nom d’un satellite de Jupiter qui fut découvert en 1610 par Galilée. Certains disent « redécouvert » parce qu’il aurait été vu dès 362 avant Jésus-Christ par le Chinois Gan De. Racontée par Ovide, l’histoire de Callisto ne tient aucun compte évidemment de ces trouvailles, même si elle se termine par un voyage au firmament.

OOOOO

Elle ne filait pas la toison des brebis. Elle ne perdait pas son temps en arrangeant ses longs cheveux en tresses contournées. S’armant de l’arc et du javelot, Callisto suivait Diane dans ses chasses et la déesse vierge en avait fait l’une de ses compagnes préférées. Comme elle le demandait de toutes celles qui l’entouraient, Diane avait exigé de Callisto qu’elle n’eût point de rapports avec les hommes. Et encore moins avec les dieux!

Un jour, Callisto est partie chasser seule. Fatiguée par ses courses à travers la campagne, elle entre dans une forêt que les feux terribles épargnèrent, lorsque Phaéton voulut conduire les coursiers du Soleil. Dans une clairière, elle détend son arc, se couche sur le gazon et pose sa tête sur son carquois. Jupiter la voit ainsi, seule et sans défense.

Il connaît Diane et se doute que Callisto a été prévenue contre lui. Aussi doit-il se déguiser pour séduire la nymphe. Et quel déguisement sera plus efficace que d’apparaître sous les traits et les habits de Diane? Ce sont donc les doigts légers de celle-ci qui tirent Callisto du sommeil où elle descendait. Comment s’y est-il pris, ensuite, pour arriver à ses fins? Ovide, plutôt prude, n’en dit mot, mais laisse imaginer que la nymphe fut victime des désirs de l’époux volage de Junon. On vous laisse rêver...

A peine le dieu s’est-il éclipsé, Diane entre dans la clairière. Callisto, croyant que son séducteur revient, tente de fuir la déesse. On l’arrête. On l’interroge. On l’examine. Certaines de ses compagnes, jalouses de ses prérogatives, finissent par laisser entendre qu’elle a dû trahir. Elle se retrouve bannie par Diane du groupe des chasseresses.

Elle erre alors à travers prairies et bois, longtemps. Bientôt son ventre s’arrondit. Elle est enceinte des œuvres de Jupiter. Lorsque son fils Arcas voit le jour, Junon, qui devine déjà qui est le père du garçon, prépare sa vengeance, une fois encore tournée contre la victime de son coureur de mari. Mais elle attend et laisse grandir le fils adultère qui fait sa honte.

Lorsqu’il atteint enfin sa seizième année, elle va trouver Callisto. La renverse à terre. La nymphe lui tend les bras, la suppliant de l’épargner, et ses bras se couvrent d’un poil noir et hérissé. Ses mains se recourbent, ses ongles deviennent griffes. Sa bouche, qui attira les baisers de Jupiter, s’élargit, hideuse, menaçante. Quand elle essaye encore de prier la déesse, Junon lui ravit le don de la parole. Callisto gronde désormais, d’une voix rauque. Elle est devenue ourse, mais garde sa raison de femme. Elle s’en va se cacher au plus épais des forêts.

Arcas souvent part chasser, comme le faisait sa mère. Un jour, Callisto le voit, s’arrête, le reconnaît. Elle veut le rejoindre, l’embrasser. Elle court vers lui. Pris de panique devant l’attaque de l’animal, le garçon bande son arc et va décocher la flèche qui tuera sa mère. Jupiter surgit, arrête in extremis le bras parricide et commande aux vents légers d’enlever, dans les airs, et la mère et le fils. Il les installera tous deux dans le ciel nocturne, constellations voisines.

OOOOO

Pour les Romains, Callisto devient la Grande Ourse. Arcas sera le Gardien de l’Ourse, que l’on a appelé aussi le Bouvier, bien plus tard. Par les nuits d’été, cherchant l’étoile polaire et voyant la Grande Ourse, souvenez-vous des malheurs de Callisto.

Antoine Mack

Malheurs de Callisto

Partager cet article