L'amour déçu de Pan
Pour attirer les mésanges, la flûte de l’oiseleur émet des notes guillerettes. Il n’en est pas de même de la jolie flûte de Pan, qui toujours pleurera l’amour déçu du jeune dieu pour une belle qui le repoussa cruellement.
Au pied des montagnes froides d’Arcadie, parmi les nymphes des forêts, la plus célèbre s’appelait Syrinx. Satyres et dieux qui hantent les bois sombres la pourchassaient, la fatiguaient de leurs assiduités. Mais elle leur échappait toujours. Car elle s’était consacrée à Diane, la déesse vierge, qu’elle imitait dans sa tenue, dans son port, dans ses allures, au point que l’on aurait pu les confondre, si l’arc de corne de Syrinx avait été fait d’or. Elle leur échappait, elle courait plus vite qu’eux.
Un jour qu’elle revient du mont Lycée, le dieu Pan l’aperçoit et entreprend, lui aussi, de la séduire. Elle, cependant, dédaigne ses avances et prend la fuite à travers champs. Poursuivie par le dieu, elle court ainsi à perdre haleine jusqu’aux bords sablonneux du paisible fleuve Ladon. Les eaux arrêtent soudain son élan. Déjà Pan la croit livrée à sa merci...
Elle prie alors ses sœurs du fleuve de la métamorphoser. Le dieu se précipite et... désappointé, n’enlace que les roseaux du marais. Il soupire de douleur et l’air qu’il expire, traversant les longues tiges, produit une sourde plainte. Séduit par cette mélodie nouvelle qui sied si bien à son humeur devenue morose, il se radoucit et murmure à l’adresse de la nymphe : « Pour moi, ces plantes resteront le moyen de te parler toujours ».
Il coupe alors des roseaux d’inégale longueur. Avec de la cire, il les colle les uns aux autres. Ainsi naît entre ses mains la flûte de Pan. La flûte que l’on appelle aussi du beau nom de celle pour qui Pan jouera toujours des airs désespérés. Syrinx...
Antoine Mack