Je suis le maître du monde !
Cheval cabré (Leonardo da Vinci)
Ah! Que j’aimais, à cette époque lointaine de ma jeunesse, dévorer ces romans dont les méchants rêvaient de devenir les maîtres du monde et dont les héros, droits dans leurs bottes, se battaient, ferraillaient pour empêcher les premiers de parvenir à leurs fins coupables!
Walter Scott, Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Michel Zevaco, Fenimore Cooper, Karl May et tant d’autres auteurs admirés...
... auxquels il convient d’ajouter aujourd’hui (heureuse et récente trouvaille) A. M., dont l’un des meilleurs romans historiques est intitulé, l’eussiez-vous cru? Le Maître du Monde.
En voici le début.
Encore un bon saut, mon vaillant Faucon, et nous serons de l’autre côté! Alors, tu pourras voler sur la plaine, à la vitesse de la flèche de l’Indien! Sois brave!
En disant ces mots, le jeune cavalier qui avait saisi les rênes de son cheval de la main gauche, tapotait de la droite la tête du fier animal qui le portait.
Mais il s’agissait d’une gageure et Faucon semblait hésiter à sauter par-dessus la crevasse qui baillait devant ses sabots, entre les rochers. Il s’éleva pour le saut, puis recula soudain et se cabra.
Le cavalier enfonça profondément les longs éperons espagnols dans les flancs de la bête qui se dressa très haut sous l’effet de la douleur, sauta sauvagement de côté comme si elle avait voulu se débarrasser de l’homme, mais effectua quand même un formidable bond en avant et s’envola par-dessus la crevasse.
Sur l’autre bord de l’abîme franchi, la monture s’arrêta, tremblante et silencieuse, respirant avec crainte, comme si elle savait qu’elle venait d’échapper à un grand danger.
Le cavalier était un jeune homme de fort belle apparence, à peine âgé de plus de vingt ans, authentique Espagnol de la tête aux pieds (...) et sa forte moustache n’aurait pas paru plus soigneusement frisée, si Don Lotario s’était promené à cheval à la Puerta del Sol, la rue la plus distinguée de Madrid, au lieu de sauter par-dessus les rochers de la Haute Californie qui, à cette époque-là (au début des années quarante du XIXe siècle) appartenait encore à la République du Mexique.
Ce roman est la suite d’une œuvre beaucoup plus célèbre (que vous avez forcément lue!) et il aura sa propre suite, toujours écrite par le même A. M., La Fiancée qui valait des millions. L’auteur était plutôt francophile, puisqu’il consacra une autre de ses belles fictions, Les Intrigants, à l’époque bien agitée de la première révolution française.
Question: A quel grand et prolifique écrivain A. M. a-t-il emboîté le pas? Et en prolongeant lequel de ses romans?
Antoine Mack