Bords de mer
Aux amies, clandestine (Polonaise de cœur), belle lurette et Vancouver
Née en 1842 à Suwalki et décédée en 1919 à Lwow, la Polonaise Marya Konopnicka a exercé son beau talent littéraire comme poétesse, auteur de nouvelles, journaliste et critique. Elle a beaucoup voyagé à travers l’Europe, y compris en France. Trouvé sur un site culturel allemand, le texte ci-dessous parle de Normandie. J’en ai traduit (de l’allemand) les premières lignes. Vous-y retrouverez-vous ?
Antoine Mack
Bonington Richard Parkes (National Gallery, Londres)
Marée basse sur la côte normande de Marya Konopnicka
La mer a reculé. Matin silencieux, brumeux. Elle a couru en arrière, pressée, comme égarée, repliant ses immenses montagnes de lames dans un vacarme précipité, pour ne plus faire étinceler ensuite, sur le tapis de sable de la plage, qu’une vague fine, retroussée, qui ressemble à un vin pétillant dont les perles explosent en chuintant et s’éteignent.
Déjà elle est très loin et une fois encore elle s’étire vers ici, encore elle gémit, ramasse une poignée de sable, s’en va en courant, revient, chuchote, s’enfuit de nouveau, une fois encore --- et encore une fois --- et le sable s’entasse. Chaque coup de fouet d’une vague rapide le couvre; chaque reflux ajoute quelque chose à son rivage.
Le voilà étendu enfin – entassé par ici, étalé largement par là, séchant en couches étroites, plié en lignes sinueuses, ressemblant à une pièce abandonnée de soie moirée grise, dont une navette volante ourlerait le bord de franges d’argent.