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Airs de flûte
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5 septembre 2010

Roseaux indiscrets

Apollon_lyre

Apollon et sa lyre (Musée palatin de Rome)


Libéré de sa néfaste soif de l’or par le dieu Pan, Midas n’aime plus que les bois et les champs. Mais son esprit reste épais et lui vaudra encore des mésaventures.

Au pied du mont Tmole dont le sommet s’élève jusqu’à la nue, près des murs de l’humble ville d’Hypaepa, Pan attire les nymphes d’alentour au son de ses légers pipeaux. Ses chants rustiques rythment leurs loisirs.

Pan préfère ses pipeaux à la lyre d’Apollon. Il va, l'inconscient, jusqu'à défier le dieu de Délos. Le vieux Tmole est choisi comme juge de ce combat inégal. Assis sur un rocher, Tmole écarte de ses tempes la forêt qui couvre sa tête, dégageant ses oreilles. «Le juge est prêt », dit-il.

Aussitôt Pan souffle dans ses flûtiaux. Sa musique un peu aigrelette charme l’oreille grossière de son ami Midas.

Tmole et sa forêt se tournent alors vers Apollon qui se lève, la lyre à la main. Son attitude déjà annonce la divine harmonie. D’une main savante, il touche l’instrument de sa gloire. Ravi par la douceur des accords, le dieu du fleuve prononce un peu plus tard que la flûte champêtre est vaincue par la lyre.

Les nymphes et les bergers applaudissent. Seul Midas trouve ce verdict injuste et le rejette. Pour le punir, Apollon lui allonge les oreilles, les couvre d’un poil gris et les rend longues et mobiles...

OOOOO

Voulant cacher cet affront, Midas dorénavant couvre avec soin ses oreilles. Mais comment donc les cacher à l’esclave qui lui coupe les cheveux? N’osant révéler ce qu’il a vu, mais tenté cependant de parler, cet homme qui craint la colère de son roi, s’éloigne de la ville et va creuser un trou dans une roselière. Dans ce trou, il murmure à voix basse, lui confiant le secret et la honte de Midas. Il recouvre de terre les mots indiscrets et se retire en silence, soulagé.

Mais l’on vit croître bientôt, dans ce lieu caché, d’innombrables nouveaux roseaux qui, au bout de l’année, quand ils eurent acquis toute leur force et toute leur hauteur, trahirent celui qui les avait fait naître.

Dès que Zéphyr agitait leurs cimes légères, ils redisaient ces mots confiés à la terre: le roi Midas a des oreilles d’âne.

Adaptation: Antoine Mack

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Commentaires
O
Vaut mieux pas, chère belle lurette, se confier aux roseaux. Toute ta rue (et les avoisinantes) serai(en)t vite au courant de tous tes secrets...<br /> <br /> Ceci dit, il faut accorder à Midas qu'il ne manquait pas de courage, à refuser de chanter comme la majorité face au plus puissant.
B
Donc, au lieu de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de se lancer à dire un truc qui risque d'être mal pris, mieux vaut se dégotter la roselière la plus proche pour lui chuchoter des secrets ? <br /> Le problème, c'est que par chez moi, les roseaux, ça ne court pas les rues.... Une solution à me proposer, Tony ?
O
Te voilà bien exégète, mon cher eol, dès potron minet!
E
M'est avis que cette affaire d'attributs asiniens et de paroles enfouies que rien ne saurait empêcher de s'envoler n'est là que pour masquer le seul vrai message important : "la flûte champêtre est vaincue par la lyre". Et ce n'est pas le dieu (Zizi Pan) Pan qui me démentira. Enfin, moi, ce que j'en dis...
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