Mélancolie de Chamisso
Louis Charles Adélaïde de Chamisso de Boncourt est né en 1781, au château de Boncourt en Champagne, dans une famille qui s’enfuit en Prusse à la Révolution. Il prit là-bas le nom d’Adelberg von Chamisso, sous lequel il se fit connaître comme conteur et comme poète lyrique, en langue allemande.
En 1796, il devient le page de la reine de Prusse ; de 1798 à 1807, il est officier dans l’armée prussienne ; de 1815 à 1818, il effectue un tour du monde à la voile. Puis il se fixe à Berlin, directeur adjoint du jardin botanique et responsable de l’herbarium de ce parc.
Ses poèmes sont empreints d’une douce mélancolie. Certains, qui parlent d’amour et de la vie des femmes, ont été mis en musique par Robert Schumann.
Après La Meunière, je vous propose de découvrir un court poème qui fut, deux siècles à l’avance, un clin d’œil complice et un peu triste à l’Oiseleur...
Antoine Mack
La meunière
Le moulin laisse tourner ses ailes
La tempête y vient montrer sa violence
Et sous le tilleul près de la colline
Pleure la triste meunière.
Laisse courir et souffler la tempête!
J’ai construit sur le vent
Construit sur des serments –
J’étais une enfant bien folle.
Il ne m’a jamais menti, le vent
Le vent m’est resté fidèle
Mais je suis misérable et trompée
Les serments n’étaient que poussière.
Où est-il, celui qui les prononça?
Le vent ne fait qu’attraper mes plaintes...
Il s’est perdu en partant courir le monde
Le vent ne le retrouve plus.
L’oiseau du bonheur
Un oiseau volette dans le bosquet.
Il chante son défi : attrape-moi donc !
Un oiseau volette dans le bosquet.
Il quitte le bosquet, vole vers la forêt,
Pénètre dans la forêt, et de là dans le monde
Puis s’envole par-dessus la mer.
Et si le garçon pouvait attraper l’oiseau,
Il serait libéré de tout son tourment,
De toute sa peine et de son tourment...