Dors, ma petite fiancée
En 1931, ses pièces La nuit italienne et Légendes de la forêt viennoise triomphent à Berlin. Deux ans plus tard, quand les nazis se mettent à brûler les livres, ceux de Ödön von Horvarth sont du nombre. «Auteur dégénéré», comme Heinrich Heine...
Ödön von Horvath, dramaturge austro-hongrois de langue allemande, est né à Fiume (aujourd’hui Rijeka, en Croatie) en 1901. Après des études en hongrois, avec un précepteur personnel, à Budapest, puis en allemand à Vienne et à Munich, il se consacre très vite à la littérature. Son théâtre connaît bientôt le succès.
Fuyant le nazisme, il voyage à travers l’Europe et se trouve à Paris en 1938. Il y discute avec Robert Siodmak l’adaptation au cinéma de son roman Jeunesse sans Dieu, lorsque, le 1er juin, un marronnier déraciné par une tempête tombe sur lui et le tue, sur les Champs Elysées, juste devant le théâtre Marigny.
L’intégrale de son œuvre théâtrale est éditée en français par la maison d’édition L’Arche, qui publie aussi, depuis 1954, les œuvres de Bertolt Brecht.
Antoine Mack
[ et les gens diront ]
Et les gens diront
Dans des jours lointains et bleus
(et ce sera juste)
Ce qui est faux et ce qui est vrai.
Et le faux disparaîtra
Bien qu’aujourd’hui il triomphe
Et le vrai adviendra
Bien qu’aujourd’hui il crève.
Dors, ma petite fiancée
Dors, ma petite fiancée, je veux te tenir dans mes bras
Comme Dieu tient embrassées les prières des hommes solitaires.
Dors, ma petite fiancée,
Entre dans la soie des contes
Pour vivre dans le royaume nocturne des songes d’été.
Regarde les bleus du ciel là-haut
Et lorsque tu longeras les frontières du paradis
Pense à moi.
Dors, ma petite fiancée, je sais,
Quand je caresse tes cheveux,
Que tu te maries avec le roi des légendes.
Dors, ma petite fiancée,
Il ne te fera aucun mal, l’homme méchant
Que je suis à ton côté.
Dors maintenant – toi.