La vie continue... Karl Kraus
Karl Kraus (1874-1936), dramaturge, poète, critique, satiriste autrichien, a laissé une œuvre considérable dont une petite partie seulement a été traduite en français. Il compte aujourd’hui encore parmi les meilleurs défenseurs et illustrateurs de la langue allemande.
Il a fondé en 1899 une revue intitulée Die Fackel (Le Flambeau) dont il interrompra la parution en 1933, à l’avènement du fascisme. En trente-quatre années, 20000 pages publiées dont les plus nombreuses sont de sa plume!
Dans toute son œuvre, il n’a jamais cessé de lutter contre l’esprit de soumission, contre une justice soumise à l’autorité politique, contre une presse manipulatrice des esprits, contre le dévoiement de la langue, contre le mépris envers les femmes. Un programme, en somme, qui mériterait d’être repris par les intellectuels de ce début du vingt-et-unième siècle!
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Voici quelques-uns de ses aphorismes.
Lorsqu’un bavard ne trouve personne pour l’écouter pendant une journée entière, il s’enroue.
Ils posent sur son chemin les obstacles dont il voulait les libérer.
Pauvre esclave! Elle fait de lui ce qu’il veut!
Je me souviens déjà de beaucoup de choses que je suis en train de vivre.
La force la plus grande n’égalera jamais l’énergie que beaucoup mettront à défendre leur faiblesse.
La technique ne connaît pas la reconnaissance. Cela reste à inventer...
A Berlin, tant de gens marchent que l’on ne rencontre personne. A Vienne, on rencontre tant de gens que plus personne ne marche.
On ne peut faire confiance à un snob. L’œuvre qu’il loue peut être bonne.
C’est à juste titre que sont interdites les satires que le censeur comprend.
La vie continue... plus loin qu’il n’est permis.
Antoine Mack