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Airs de flûte
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11 janvier 2009

Petit théâtre muet

saule_pleureur__Claude_Monet_  (Claude Monet)

Il s'est figé dans une posture rigide. Brisé, tordu par sa douleur. De ses épaules brusquement affaissées pendent, inertes, de longs bras qui n'en finissent pas. Ses doigts effilés, si maigres, effleurent l'onde lente de la rivière, freinée par des roseaux qui murmurent au vent une inaudible mélopée. Eploré, il attend que viennent à passer, flottant entre deux eaux, le corps et le visage d'Ophélia "couchée en ses longs voiles".

Mais regardez-le. Regardez-le bien, regardez-le encore.

Mettant son mal en scène et sa désolation, dans le saule pleureur voyez-vous l'histrion?

Antoine Mack

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Commentaires
F
Je ne voyais pas l'histrion.<br /> J'allais renoncer quand, cherchant l'oiseau de Belle Lurette - que je n'ai pas trouvé, puisque L'oiseleur l'avait libéré -<br /> l'histrion s'est montré à moi (bien plus grand que je ne le pensais).
O
Quoi qu'il joue, l'oiseleur, ici, laisse toujours s'envoler les oiseaux. Ses cages restent ouvertes. Par inadvertance?
B
Au moins, les saules pleurent, ils ne se contentent pas de ravaler leurs larmes ou même de pleurnicher! Il faut un certain courage pour laisser se déverser son chagrin sans tenter de le retenir, liquide, vivant, assumé. Ophélie ou pas, c'est peut-être aussi la seule façon de ne pas s'y noyer !<br /> Peut-être un jour les saules nous réapprendront à pleurer, à nous, anciens enfants qui ont un peu oublié. Plus qu'à espérer que ce soit avant que nous soyons irrémédiablement desséchés !<br /> PS: effet d'optique ? dans le feuillage du saule, je vois comme un oiseau qui essaierait de s'échapper...
O
Monet, Musset... et Rimbaud aussi, chère Anne, dont j'associais l'Ophélia morte à la rivière et au saule, même si celui-ci est absent du tableau de Millais ("La mort d'Ophélie").<br /> "Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles,/ La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,/ Flotte très lentement couchée en ses longs voiles..."
A
Ce que je vois avant tout, c'est Monet, le grand Monet. <br /> Et puis j'entends Musset : "Mes chers amis, quand je mourrai/Plantez un saule au cimetière./ J'aime son feuillage éploré/La pâleur m'en est douce et chère/Et son ombre sera légère/À la terre où je dormirai."
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