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Airs de flûte
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11 décembre 2008

Le charmeur de mésanges

charmeur1

Il y avait, sur la place Saint-Etienne, où trois arbres poussaient entre les pavés, l'élégant oiseleur qui séduisait les mésanges avec son flûtiau. - Place de l'Europe, cachant la tour élancée de Spœrry, un magma informe s'érige, béton brut, grillages rouges, plaques de métal vert camouflage...

              Mes yeux saignent.

Il y avait un ruisseau, là. Frottant son eau limpide aux galets, il murmurait, il roucoulait, il roulait les r. - Sur la dalle d'agglos et de ciment qui le couvre, on n'entend plus que les hurlements stridents, la mélopée aiguë des motos-jouets débridées...

              Mes oreilles saignent.

Il y avait, dans les ruelles tirées au cordeau de la cité ouvrière, dans leurs jardinets secrets, les senteurs des lilas et des roses, la douce odeur des légumes. - Dans les maigres clapiers de la Cité du XXIe siècle, les plantes dépérissent. Trop chaud l'été, si froid l'hiver. Restent les remugles d'huile de vidange du garage d'en face...

              Mon nez saigne.

Il y avait la main posée sur une joue rebondie, sur des boucles blondes, sur l'épaule du garçon. Les enfants grandissent, s'éloignent. Reviennent pour un jour, repartent pour des semaines. - Sur leurs terrains de jeux, j'arrache le chiendent et les ronces...

              Mes mains saignent.

Il y avait les tartes flambées des soirs d'été, entre amis, sur la terrasse. On refaisait le monde dans les rires et l'euphorie d'un vin léger. - Les amis s'en vont, l'un après l'autre, Paulette, Francis, Jean-Marc, Jean-Pierre... (Quia pulvis es... car tu es poussière...). Goût de cendre et de verre pilé sur la langue...

              Ma bouche saigne.

 

Il y avait, au printemps de la jeunesse, près des Ponts Couverts, la jolie fleur qui faisait danser sa jupe-corolle en vichy bleu ciel et blanc. Le coeur faisait des bonds quand on la suivait. - Rue des Romains, la vieille dame qui va, toute menue, vêtue de soie noire, se hâte vers les Violettes, trottine à petits, très petits pas vers sa mort...

              Mon coeur... que dis-tu?

              Il a tué mon joyeux ramage, 
              l'oiseleur qui m'a mis dans sa cage.

Antoine Mack

charmeur2              

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Commentaires
S
Je me sens oiseau aujourd'hui et même en cage, plus libre, à l'intérieur, que bien des certitudes, merci Tony,<br /> B,
O
O.K.! belle lurette! Refaisons le monde autour d'un flacon de pinot gris (l'aimable tokay d'antan)...
B
Mésanges, mes anges, tes anges, tes mésanges sont nos anges... <br /> "On refaisait le monde dans les rires et l'euphorie d'un vin léger". Allez, il en reste sûrement une bouteille ou deux. Et le monde est toujours à refaire. Alors, tope-là ?
O
@ Fantie B. Un moment viendra où s'ouvriront toutes les cages, chère Fantie.<br /> <br /> @ sans pseudo. Je t'ai reconnue, sans pseudo, et je t'embrasse. Les beaux oiseaux dorment-ils les yeux ouverts?
S
Ce lieu enchanté, m'émerveille par sa terrible douceur, merci pour toutes les petites histoires à dormir debout, d'hier et de demain...
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